
Le Sommet des BRICS à Johannesburg : Une Nouvelle Ère Économique en Émergence et ses Implications Mondiales
Le sommet actuel des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui se déroule à Johannesburg annonce l’avènement d’un nouveau monde sur le plan économique, préfigurant des bouleversements profonds et quasiment inévitables dans la hiérarchie mondiale d’ici à 2050.
Les BRICS représentent avant tout le plus vaste marché mondial, avec la Chine et l’Inde totalisant près de trois milliards d’habitants, soit la moitié de la population mondiale. Associés à d’autres pays tels que le Brésil, les BRICS comptent 3,3 milliards d’individus, garantissant des débouchés et des marges de production industrielle, sans même compter l’accès aux consommateurs fortunés des pays du Nord.
Malgré la concentration considérable de la richesse mondiale chez les pays du Nord, tels que l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord, les BRICS représentent déjà 26 % du PIB mondial, un niveau jamais atteint par les pays du Sud. Autrefois, la richesse mondiale était détenue à hauteur de près de 80 % par les pays de l’OCDE, il y a seulement trente ans. Les BRICS contribueront à rééquilibrer les richesses planétaires en faveur des pays du Sud, en particulier l’Asie avec la Chine et l’Inde, ainsi que dans une moindre mesure le Brésil. C’est un changement sans précédent… et bien entendu, les droits de vote au sein du FMI et de la Banque Mondiale doivent être répartis conformément à la nouvelle configuration financière et économique imposée par la montée en puissance des BRICS. En attendant, les BRICS ont établi la Nouvelle Banque de Développement (NBD) dotée de 250 milliards de dollars, destinée à accorder des prêts aux pays émergents. C’est une réponse puissante à l’hégémonie de Bretton Woods. Le récent sommet de Paris sur la Finance et le Climat ne pourra rien changer à cette réalité. L’Europe et l’Amérique du Nord, jadis au cœur de la scène, cèdent déjà du terrain au profit de la périphérie, avec la Chine comme moteur.
En effet, en utilisant des PIB constants en parité de pouvoir d’achat, la Chine a déjà surpassé les États-Unis avec un PIB de 23 000 milliards de dollars contre 20 000 milliards. Les BRICS perturbent l’ordre mondial établi et l’adhésion prochaine de l’Iran et du Nigeria bouleversera l’équilibre mondial depuis Yalta.
L’enjeu du sommet des BRICS en Afrique du Sud est de créer une alternative au dollar afin de stimuler le commerce intra-BRICS, qui représente seulement 6 % malgré la part de l’industrie chinoise estimée à 15 % du volume mondial des importations et des exportations. Ainsi, les BRICS échangent peu entre eux, même si l’essor des voitures électriques, dominé par la Chine, offre une opportunité de renforcer les échanges. Dans l’assemblage de ces véhicules et des batteries, la Chine pourra s’appuyer sur le riche potentiel minier de pays membres tels que l’Afrique du Sud, la Russie et le Brésil. Les BRICS contrôlent ainsi les minéraux et les matériaux stratégiques du monde.
La présence du Sénégal au plus haut niveau lors du sommet de Johannesburg détermine son positionnement diplomatique et économique dans un monde multilatéral en évolution, avec notamment le déclin de l’influence française en Afrique et l’ascension de la Russie, ainsi que dans une moindre mesure de la Chine, dans certains pays. Il s’agit là d’un pari audacieux pour Dakar, allié historique de Paris.
Les ponts Nelson Mandela de Foundiougne et d’ADO à Abidjan, deux chefs-d’œuvre architecturaux uniques en Afrique, illustrent déjà que les BRICS incarnent l’avenir, avec l’ingénierie et le financement chinois en première ligne.