
Inondations en Libye : le bilan s’aggrave, l’aide humanitaire afflue
Le nombre de victimes des inondations dévastatrices à Derna, dans le nord-est de la Libye, pourrait atteindre 20 000, a annoncé le maire de la ville. Cette tragédie a suscité une réponse internationale croissante visant à aider les survivants. La Commission européenne a notamment annoncé l’envoi d’aide de l’Allemagne, de la Roumanie et de la Finlande.
Le bilan humain est au-delà de toute imagination. Le maire de Derna, Abdoulmenam Al-Ghaithi, a déclaré que le nombre de personnes décédées dans les inondations pourrait atteindre 20 000, soit 20 % de la population de la ville avant la catastrophe.
Les derniers bilans officiels ont été confus, avec des chiffres variant d’un responsable à l’autre. Si le porte-parole du ministère de l’Intérieur du gouvernement de l’Est a annoncé plus de 3 840 décès, le ministre lui-même, Issam Bouznigua, a mentionné quelques heures plus tard 2 794 décès à Derna et dans d’autres villes de l’Est. Le ministre de la Santé, Othman Abdel Jalil, avait évoqué la possibilité de 10 000 décès. Les autorités ont prévenu que ces chiffres pourraient encore augmenter, car des milliers de personnes sont toujours portées disparues.
Un responsable de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a parlé d’un nombre « énorme » de décès, potentiellement en milliers, avec 10 000 personnes portées disparues.
Petteri Taalas, le directeur de l’Organisation météorologique mondiale de l’ONU, a déclaré que « la plupart des victimes auraient pu être évitées », pointant du doigt la désorganisation due à l’instabilité politique en Libye depuis des années.
À Derna, la tempête Daniel a dévasté les bâtiments, emporté les ponts, submergé des quartiers entiers et effacé les routes, laissant la ville méconnaissable. Les rues sont jonchées de corps enveloppés dans des couvertures, et d’autres sont entassés dans des pick-up en route vers les cimetières. Depuis mardi, des cadavres sont rejetés par la mer Méditerranée devenue aussi brune que la boue. Les Nations unies ont promis de verser 10 millions de dollars pour aider les survivants libyens, dont au moins 30 000 se sont retrouvés sans abri à Derna. L’Union européenne a débloqué 500 000 euros, et le Royaume-Uni a annoncé une aide initiale de 1,16 million d’euros pour répondre aux besoins les plus urgents des Libyens.
L’aide humanitaire s’intensifie
Face à cette catastrophe, l’aide internationale s’est intensifiée avec l’arrivée d’avions de transport militaire en provenance du Moyen-Orient et d’Europe.
Un avion français transportant une quarantaine de sauveteurs et plusieurs tonnes de matériel sanitaire, dont un hôpital de campagne, a également été dépêché.
L’Égypte prévoit d’installer des camps dans l’ouest du pays pour accueillir les survivants des inondations. La Turquie a annoncé l’envoi d’une aide supplémentaire par bateau, dont deux hôpitaux de campagne.
L’Union européenne a indiqué que l’Allemagne, la Roumanie et la Finlande avaient envoyé de l’aide. Un navire de guerre italien devrait également se rendre au large de la Libye pour fournir un soutien logistique et médical.
L’Algérie, le Qatar et la Tunisie se sont également engagés à apporter leur aide, tandis que les Émirats arabes unis ont envoyé deux avions transportant 150 tonnes de matériel. Les médias palestiniens ont rapporté qu’une mission de secours était partie de Ramallah, en Cisjordanie occupée, et la Jordanie a envoyé un avion militaire chargé de colis alimentaires, de tentes, de couvertures et de matelas. Cependant, sur le terrain, les travailleurs humanitaires devront faire face à des défis considérables en raison des routes obstruées, détruites et inondées, ainsi que des pannes d’électricité et des perturbations des communications généralisées. De plus, le risque lié aux munitions non explosées, déplacées par les crues vers des zones autrefois exemptes de contamination, pose des dangers supplémentaires pour les survivants et les acteurs de l’aide humanitaire.
La Libye, plongée dans le chaos depuis la mort de Mouammar Kadhafi en 2011, est actuellement divisée entre deux autorités se disputant le pouvoir, l’une dans l’Est et l’autre dans l’Ouest, internationalement reconnue. Il s’agit de la pire catastrophe naturelle en Cyrénaïque, province orientale de la Libye, depuis le grand tremblement de terre de 1963 à al-Marj.