
Enrique Tarrio, ancien chef du groupe d’extrême droite Proud Boys, a été condamné mardi à Washington à une peine de 22 ans de prison en lien avec son rôle dans l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Cette sentence marque un précédent en tant que la peine la plus sévère prononcée jusqu’à présent pour l’un des organisateurs de cette attaque contre le processus démocratique américain. Bien que Enrique Tarrio n’ait pas été physiquement présent dans la capitale américaine ce jour-là, le juge a estimé qu’il était le principal instigateur du complot.
La semaine précédente, les quatre autres membres des Proud Boys qui avaient été reconnus coupables en mai de leur implication dans les événements du 6 janvier ont été condamnés à des peines allant de 10 à 18 ans de prison. La peine la plus lourde prononcée jusque-là pour cette attaque était de 18 ans, attribuée à Stewart Rhodes, fondateur de la milice d’extrême droite Oath Keepers.
Le 6 janvier 2021, environ 200 membres des Proud Boys ont pris d’assaut le Capitole, siège du Congrès américain, dans le but d’empêcher la certification de la victoire de Joe Biden, un démocrate, sur l’ancien président républicain Donald Trump.
Le juge Timothy Kelly a souligné que cette journée avait « brisé notre tradition de transfert pacifique du pouvoir ». Malgré les regrets exprimés par Enrique Tarrio à la barre, le juge a estimé qu’il était le « dirigeant ultime du complot » et a donc prononcé une peine sévère.
Le procureur Conor Mulroe avait plaidé en faveur d’une peine plus lourde que celle des autres accusés dans ce dossier. Le juge Timothy Kelly a tenu compte des circonstances aggravantes liées au terrorisme, mais a précisé que les accusés n’avaient « pas eu l’intention de tuer ».
Les avocats de la défense ont fait valoir que leur client n’avait aucun contrôle sur les événements en raison de son absence à Washington le 6 janvier 2021. Cependant, le juge a souligné que cela lui permettait de se distancer commodément de l’assaut du Capitole, notant que Tarrio avait été contraint de quitter la capitale fédérale en vertu d’une décision de justice après avoir brûlé une banderole « Black Lives Matter » lors d’une manifestation en décembre, principalement fréquentée par des Afro-Américains.
L’accusation d’association à des suprémacistes blancs pour des individus classés comme « Latinos » soulève des questions complexes sur l’identité ethnique et raciale aux États-Unis, comme l’a souligné un anthropologue dans une tribune publiée par le New York Times. Enrique Tarrio lui-même a été identifié à tort comme « Blanc » dans les documents judiciaires, alors qu’il est multiracial et d’ascendance afro-cubaine.
Depuis le 6 janvier 2021, plus de 1 100 personnes ont été arrêtées et inculpées en relation avec les événements du Capitole, avec plus de la moitié condamnées, principalement à des peines de prison ferme.